LE DÉSERT DE LA MER "Le désert de la mer". A travers le long monologue de Danhaile et les plaintes d'une femme, emblème des mères des disparus de la Méditerranée, nous pénétrons dans l'âme de l'un des nombreux bateaux de migrants, celui en question part le vingt-cinq mars deux mille onze de la Libye avec soixante-douze personnes à bord et restera à la dérive pendant quatorze interminables jours. Extrait de «Le désert de la mer» Danhaile «Nous avons coupé des bouteilles d'eau vides de plastique et dedans, nous avons bu notre urine. Brève pause. Tu comprends? Durant quatorze interminables jours, nous avons bu ça, nous avons mélangé l'eau de mer, l'urine et C'est horrible! Tu comprends? Et, je veux t'expliquer qu'en la buvant, on se sent le dernier des hommes, on doit vaincre l'horreur, Non, ils ne sont pas là. Il n'y a pas de «ils», il n'y a personne. C'est toi qui a encore envie de vivre, de continuer à vivre, malgré le gel de la nuit, la lumière aveuglante du jour, la nourriture manquante, la mer en tempête, pour raconter la mort en direct, Ce sont des fantômes lointains, en costume, en cravate, serviette à la main, fantômes impeccables à la lumière du jour, respectés, vénérés, heureux, et toi, face à la mort en direct, pendant trois cent Elle apparaissait, rôdait autour du bateau en souveraine absolue! Et quand un thorax explosait, elle Puis, elle revenait, arrogante, à la recherche d'un esprit vacillant qu'elle aidait à sombrer, d'un cœur (d'un ton déterminé) C'est pour cela que je dois raconter, je dois raconter! Et que quelqu'un doit écouter et imaginer d'avoir été sur ce bateau et sur celui de |